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Archives didactiques d’étude du milieu
Conservatoire de l’outil d’enseignement
Manuels et cahiers
Avant le XIXe siècle, les livres utilisés par les écoliers pour
apprendre à lire n’ont pas de caractère pédagogique. Ce sont des
ouvrages de piété ou des livrets de colportage destinés aux
adultes. Certains sont imprimés en caractères manuscrits, ce qui
familiarise le lecteur avec l’écriture manuelle, encore très en usage,
y compris dans les documents officiels. La maîtrise de l’écriture est
secondaire. Cependant, les élèves qui poursuivent leurs études
disposent déjà de précis d’orthographe et de grammaire.
L’apprentissage du calcul, sauf la numération, est négligé. Il existe
néanmoins des abrégés d’arithmétique et de géométrie à l’usage
de ceux qui se destinent aux métiers de comptable, d’arpenteur,
etc.
Les premiers manuels scolaires de conception moderne datent du
milieu du XIXe siècle. Chaque discipline, à chaque niveau d’études,
possède les siens. Au départ, ces aide-mémoire s’adressent de
façon distincte aux garçons et aux filles, aux citadins et aux ruraux.
Comme en témoignent leurs préfaces, ils veillent à respecter les
directives fournies par le ministère en charge de l’instruction
publique. Il est vrai que les publications scolaires sont surveillées
et que toute censure nuirait à leur diffusion.
Outre la langue maternelle et la mathématique, les élèves s’initient
à la géographie, à l’histoire et aux sciences naturelles. Ces
disciplines possèdent également leurs manuels. Ce sont des
inventaires de notions qui se présentent volontiers sous la forme
de nomenclatures et de tableaux synoptiques. Certains s’inspirent
des catéchismes : l’exposé est un jeu de questions et de réponses à
mémoriser. En géographie, les élèves doivent apprendre à
connaître leur pays et à l’aimer. Il va de même en histoire. Le
contenu est centré sur le passé national. Un récit édifiant passe en
revue les grands événements politiques et militaires. Ceux-ci sont
classés par règnes de souverains. Lorsque l’ouvrage comporte des
illustrations, il s’agit le plus souvent de portraits et de scènes de
bataille. En sciences naturelles, les leçons sont plus pratiques. Elles
initient les écoliers aux règles d’hygiène, leur font découvrir la
faune et la flore pour en faire bon usage, passent en revue
quelques grandes inventions scientifiques et techniques.
Dans les dernières décennies du XIXe siècle, le marché des
manuels scolaires devient florissant. Les maisons d’édition se
multiplient. Certaines se spécialisent dans les disciplines littéraires
ou scientifiques ou artistiques. Toutes se conforment aux
programmes des cours édictés par les autorités et s’adaptent à
leur évolution. Les ouvrages bénéficient des progrès de
l’imprimerie. La typographie est plus lisible, la mise en page plus
aérée, les illustrations plus soignées.
Après la Deuxième Guerre mondiale, les élèves participent
davantage aux leçons. Les manuels s’adaptent à ce changement.
Leur contenu se simplifie. Leur structure s’assouplit. La
typographie et la mise en page soulignent l’essentiel. La
documentation n’est plus simplement illustrative. Elle met les
élèves en contact avec les réalités étudiées et leur fournit des
matériaux d’analyse et de recherche.
Un autre outil pédagogique de base est le cahier. Son emploi se
généralise dès le milieu du XIXe siècle. À l’école primaire, les élèves
en possèdent plusieurs : écriture, dictée, calcul, dessin, devoirs,
etc. Ils ont aussi un cahier de brouillon dans lequel ils effectuent
les exercices avant d’en copier les résultats « au propre ». Dans
l’enseignement secondaire, chaque discipline a son cahier. On y
prend note de l’exposé du professeur. On y consigne ce qu’il écrit
au tableau noir. La pratique des feuilles volantes à ranger dans un
classeur est récente. Dans le secondaire supérieur, il existe déjà
des cours polycopiés, mais leur usage est cantonné aux disciplines
dépourvues de manuels de référence.
Dès la fin du XIXe siècle, des imprimeurs se spécialisent dans la
production de cahiers scolaires et font assaut d’originalité pour
attirer les clients. Il existe des cahiers reliés, à couvertures
cartonnées et ornementées, des cahiers agrafés, moins coûteux,
recouverts de papier fort illustré de notions utiles ou de dessins à
visée éducative. Certaines écoles font fabriquer des cahiers à leur
en-tête.